Chers patients,
La grève des médecins libéraux est levée mais nous restons mobilisées au sein de notre COMELI.
En effet, nous trouvons que les conditions ne sont plus réunies pour vous soigner sereinement.
En ville, comme à l’hôpital les moyens matériels et humains font défaut. La conséquence pour vous : moins de lits d’hospitalisation, des services d’urgence saturés, des délais de rendez-vous allongés.
Nombres de médecins d’ores et déjà formés en médecine générale (20 000 environ) et dont la destinée était de s’installer en libéral ne le font pas tant les conditions d’exercice en ville ne sont pas attractives : écrasante charge
administrative, responsabilité majeure pour une rémunération qui n’est pas à la hauteur de notre expertise et qui ne nous donnera plus les moyens de vous recevoir convenablement : plus de secrétariat présentiel, consultations plus
courtes, absence d’investissement dans du matériel adapté etc...
Ces mauvaises conditions font fuir les jeunes médecins vers le salariat, la téléconsultation et même vers les pays étrangers où leur expertise est reconnue et valorisée.
Pour les médecins installés, un nombre croissant, lassé du manque de moyens et des exigences grandissantes de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, prend leur retraite plus rapidement que prévu, se reconvertit vers le salariat, ou sort du
système en se déconventionnant.
Les médecins déconventionnés étaient peu nombreux en France jusqu’alors, mais depuis quelques mois on assiste à un mouvement grandissant de ce mode d’installation ou de reconversion.
Les patients ne sont quasiment pas remboursés (0,61 centimes par consultation) mais ont accès à un médecin respecté, qui peut investir dans son outil de travail et prendre le temps avec chacun de ses malades.
Les lois votées (Loi Rist-Bergé) ou à venir (Projet de loi Valletoux) qui semblent vouloir résoudre les problèmes d’accès aux soins ne vont en réalité qu’aggraver les inégalités d’accès au soin et rendre notre profession encore moins attractive.
Ces projets de loi favorisant la délégation de tâches vont accélérer l’émergence d’une médecine à deux vitesses. Ces mesures de plus en plus coercitives pour les médecins (perte de la liberté d’installation, retour des gardes obligatoires,
appartenance à des communauté de soignants (CPTS)) vont encore servir de repoussoir pour l’installation des plus jeunes et pousser les plus âgés à partir.
Vos médecins savent travailler en équipe, ont déjà leur réseau de soin. Ils travaillent avec les infirmiers, avec les pharmaciens. Ils n’ont pas besoin d’aide pour s’organiser. Ils ont besoin de temps et d’une rémunération adéquate pour
pouvoir embaucher eux même du personnel (secrétariat, assistants) et se libérer ainsi du temps pour prendre en charger leurs patients.
Parce qu’il est de notre devoir de rester fidèle à nos convictions, à notre indépendance.
Parce que nous sommes attachés à des soins de qualité.
Parce que le diagnostic est un acte médical et qu’il faut 10 ans d’études pour en maitriser les subtilités.
Nous œuvrons, par nos différentes actions, à faire entendre au gouvernement que nous sommes en profond désaccord avec l’évolution actuelle de la gestion de cette crise de la santé.
Dans l’intérêt commun des patients et des médecins, nous espérons être entendus.
Dr Gwenaëlle BIENFAIT et Julie BRIX-SEROT